Je me suis récemment formée à la théorie U sur trois jours. J’y ai vu un méta-modèle de la transformation intégrant une réflexion profonde sur l’état de notre société actuelle et un process innovant, en intelligence collective pour relever les défis des transformations à venir, comme la redirection écologique par exemple. Je livre ici mes principaux enseignements de ce qu’il est bon de faire évoluer dans nos pratiques d’accompagnement des transformations pour réussir les transformations complexes.
Des transformations pour accéder à un paradigme 4.0
A la différence des méthodes classiques d’accompagnement des transformations, la Théorie U aborde les limites des stades d’évolution de nos sociétés qui ne permettent pas de relever les trois grands défis de notre temps, voire renforce les crises actuelles :
- La crise écologique, dans laquelle, le soi se considère différent et n’appartenant pas à la nature.
- La crise sociétale : soi est coupé des collectifs, n’est plus relié aux autres.
- La crise existentielle : soi est coupé de soi, de la vision de soi ou encore de l’amour de soi.
Pour transformer ces crises en opportunité, nous avons trois paradigmes sociétaux qui arrivent à leurs limites, là où l’accès au paradigme 4.0 se révèle indispensable pour la réconciliation de la nature, de la société et du soi.
- 1.0 : État centralisé – Contrôle centralisé, autorité hiérarchique.
- 2.0 : Economie de marché – Décentralisation, compétition, individualisme.
- 3.0 : Economie sociale – Collaboration, inclusivité, partenariats.
- 4.0 : Écosystème évolutif – Gouvernance consciente et adaptative, durabilité, co-créativité.
La transformation véritable se base sur la conscience et la présence
La Théorie U met fortement l’accent sur la conscience et la présence des individus au sein de l’organisation. Contrairement aux méthodes traditionnelles d’accompagnement à la transformation qui se concentrent principalement sur la planification, l’exécution et l’évaluation, la Théorie U propose un voyage introspectif où les leaders et les équipes doivent descendre dans le « U » pour se connecter à leur source intérieure de créativité et d’innovation. Cette approche encourage une écoute profonde et une attention à ce qui émerge du futur, plutôt que de simplement réagir au passé ou au présent. On est clairement sur une prise de position qu’un futur à haut potentiel n’émerge pas de l’analyse du passé… d’autant plus si « l’histoire se répète »… !
Un processus de transformation en trois étapes : Voir, Sentir et Réaliser :
La Théorie U structure le processus de transformation en trois grandes étapes :
- Voir (Seeing) : Observer et comprendre la situation actuelle sans jugement, identifier les schémas systémiques et les blocages.
- Sentir (Sensing) : Plonger profondément dans le ressenti et le vécu des parties prenantes, favoriser l’empathie et la co-création, accéder ainsi à la connaissance du futur émergent. Bon là je le conçois, c’est très difficile d’accès par le mental et l’écrit, il faut le vivre pour le comprendre, ce qui est tout à fait cohérent avec l’expérientiel de la théorie U 😊
- Réaliser (Realizing) : Prototyper et expérimenter des solutions émergentes, passer de l’idée à l’action instantanément par des initiatives concrètes.
Des transformations s’appuyant sur le lâcher-prise et le lâcher-venir
Dans la descente du « U », il y a un moment crucial de lâcher-prise (letting go) des anciennes habitudes, croyances et schémas mentaux, suivi d’un lâcher-venir (letting come) où de nouvelles idées et visions émergent. Cette dynamique est essentielle pour permettre une transformation profonde et authentique, contrastant avec les approches classiques qui peuvent être plus linéaires et résistantes aux changements profonds, c’est-à-dire aux changements de paradigmes.
Co-création et leadership collaboratif
La Théorie U promeut un leadership collaboratif et participatif. Elle insiste sur l’importance de la co-création et de l’engagement des parties prenantes à tous les niveaux de l’organisation pour réussir les transformations. Plutôt que de se reposer uniquement sur des leaders charismatiques ou des décideurs hiérarchiques, elle valorise l’intelligence collective et la co-innovation.
La transformation par l’innovation et le prototypage
Un autre aspect distinctif est l’encouragement au prototypage rapide et à l’expérimentation. La Théorie U ne se contente pas de planifier des changements mais insiste sur l’importance d’expérimenter rapidement des solutions potentielles pour apprendre et ajuster en temps réel. Cela contraste avec les approches traditionnelles où les plans de transformation sont souvent rigides et difficiles à adapter en cours de route.
La perspective systémique, le must de toute transformation qui se respecte !
La Théorie U adopte une perspective systémique et holistique, prenant en compte l’ensemble des interactions et des interdépendances au sein de l’organisation et de son environnement. Elle aide à comprendre les dynamiques sous-jacentes et à adresser les problèmes à leur source, plutôt que de simplement traiter les symptômes.
La Théorie U est difficile à résumer. En matière de transformation, j’ai cherché les points saillants qui se différenciaient des approches classiques… Et il y en a tant d’autre… Comme le fait que la qualité d’un accompagnement à la transformation dépend de la condition intérieure de l’intervenant… En synthèse, nous pouvons peut-être retenir qu’elle apporte une dimension introspective, collaborative et expérientielle à la conduite du changement. Elle vise à transformer profondément les individus et les organisations en les reconnectant à leur source créative et en favorisant une innovation authentique et durable. Savoir entrer dans la théorie U, c’est déjà changer son propre modèle mental. Pour ma part, la théorie U me met sur le chemin de ma propre transformation en me réconciliant avec l’intelligence somatique et la méditation.
Juliette Ricou.