En tant que coach, formatrice ou facilitatrice, je pose souvent un cadre en trois mots dont les premières lettre démarrent l’alphabet :
- Authenticité
- Bienveillance
- Confidentialité
L’authenticité fait l’objet de cet article. La bienveillance est la suspension du jugement ou encore le respect de la parole de l’autre (je ne développe pas ce qui va beaucoup plus loin). La confidentialité est stricte en coaching individuel. Dans les accompagnements collectifs, je préfère poser qu’elle est « nominative sur qui dit quoi comment et sur qui ». La confidentialité et la bienveillance sont fondamentales pour sécuriser l’expression de l’Authenticité.
Je me rends compte avec quelques années de recul que ce cadre de travail et la posture de coach permettent au client d’accéder à l’Authenticité. Cette authenticité est précieuse, libère les énergies, comme un facteur clé de succès commun aux accompagnements.
Qu’est-ce que l’authenticité ?
Quand je demande aux personnes que j’accompagne ce que l’authenticité veut dire, les réponses sont : « Parler vrai », « sincérité », « ne pas se mentir à soi-même », « être soi-même » ; j’aime aussi la version « ne pas se la raconter » ! Ce qu’ils expriment est une authenticité de type « franchise », mais ils vont découvrir que l’Authenticité va bien au-delà.
L’authenticité est un concept complexe abordé en philosophie tout au long de l’histoire : elle est considérée comme une Vertu dans l’antiquité. Son étude est approfondie à travers le courant existentialiste. Jean-Paul Sartre la caractérise comme « faire que je m’avoue ce que je suis pour qu’enfin je coïncide avec mon être ».
On peut ainsi définir l’authenticité comme le fait d’être fidèle à soi-même, de vivre en accord avec ses propres valeurs et convictions plutôt que de se conformer aux attentes extérieures.
En coaching individuel ou collectif, l’authenticité dépasse donc la sincérité et engage la personne à parler de qui elle est profondément.
Authenticité et bien-être (au travail)
Selon Stephen Joseph, professeur de psychologie positive anglais, trois raisons président au fait que l’authenticité est un facteur de bien-être :
Suivre sa propre voie.
L’authenticité permet à celles et ceux qui l’éprouvent d’avoir de l’intérêt et de la curiosité pour ce qui les anime, et donc de développer des compétences dans des domaines qu’elles apprécient. Ce faisant, elles s’épanouissent, soit dans la sphère de vie personnelle et/ou professionnelle.
Être (vraiment) soi-même.
L’authenticité intégrée permet de résister à la pression sociale et de se connecter à ses motivations profondes. Se sentir libre d’être soi, c’est être autonome et avancer en confiance dans la vie.
Avoir des bonnes relations interpersonnelles.
Les personnes authentiques ont des relations plus approfondies avec les autres. Elles ont des relations choisies, en général avec d’autres personnes faisant preuve d’authenticité. Elles arrivent à éviter les relations toxiques.
Selon ces trois facteurs, une personne authentique est capable de vivre une vie plus épanouissante et s’accomplir personnellement.
« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront. » Cette citation de René Char illustre d’une certaine manière le pouvoir de l’authenticité !
Des accompagnements qui libèrent l’authenticité, l’authenticité fait (presque) tout le reste !
Que ce soit en coaching individuel ou collectif, en co-développement ou en analyse des pratiques professionnelles, l’espace proposé permet l’authenticité de chacun. Je reçois souvent des feedbacks qui vont dans ce sens :
- « Je me suis senti.e écouté.e et en confiance. »
- « Vivement la prochaine séance. »
- « Que cela fait du bien de pouvoir parler et de pouvoir se parler ! » (Sachant que les personnes dans la salle se parlent tous les jours 😊).
- « J’ai pu faire part de mes ressentis et je me suis sentie soutenu.e. »
Je crois sincèrement que ce type de feedback concerne directement le fait d’avoir pu vivre un moment en authenticité. Ces feedbacks sont différents de : « c’était sympa » ; « je repars avec des solutions concrètes » ; « la méthode de travail était efficace » ; « c’était original » ; etc. Cela vient toucher quelque chose de fondamental qui pêche par la rareté : des espaces de parole authentiques !
Et je crois qu’un des leviers clés des accompagnements est de permettre aux personnes d’accéder à leur authenticité, à pouvoir se connecter à elles-mêmes et raconter leur vérité intérieure. Et cela en profondeur dans un espace protecteur, sans jugement et confidentiel !
Les espaces permettant d’accéder à l’authenticité sont rares. En effet, dans une discussion avec un membre de sa famille, en bilatérale avec son manager ou en réunion de travail, l’authenticité s’efface pour répondre aux enjeux qui se glissent dans les relations : conformisme social, souci de bien se faire voir de sa hiérarchie, peur de provoquer une tension parce qu’on n’est pas d’accord, etc.
Alors que le coaching individuel ou collectif permet l’accès à son authenticité : pouvoir se relier à sa vérité profonde et qu’elle soit reconnue en tant que telle par autrui. L’authenticité rejoint ainsi la conscience de soi, de ses valeurs, de sa valeur, mais aussi de ses zones d’ombre et de ses limites. Je cite quelques clients « authentiques » en coaching :
« Je vous le dis, je ne l’ai dit qu’à mon psy : j’ai un petit complexe de supériorité ».
« J’ai du mal avec les émotions, surtout celles des autres ».
« Diriger sous ce carcan administratif, c’est pas mon truc, c’est même très dur pour moi ».
« Pendant ce séminaire, je suis vraiment trouvée assertive ! »
C’est après ce pas de géant de l’Authenticité que les prises de conscience, les changements nécessaires à l’atteinte des objectifs ou les plans d’action peuvent s’engager.
Bien entendu, il sera difficile de connecter ses clients à l’authenticité si on n’est pas soi-même authentique en tant qu’accompagnateur. Cela reste un prérequis, la finalité est bien d’aider les personnes accompagnées à se relier à leur authenticité. Ainsi leur est donnée l’occasion de vivre dans l’acceptation et le plaisir d’être soi.
Juliette Ricou.